MIYAJIMA B
Nous sommes à Miyajima, appelée aussi Itsukishima, une île sacrée où on ne devait ni naître, ni mourir, ni cultiver, une île où cohabitent les dieux et les hommes, un rivage préservé, une forêt où on ne devait ni arracher un arbre ni tuer un animal, un des lieux les plus connus du Japon. Pour nous c’est un peu comme si nous étions amarrés à un ponton près du Mont Saint-Michel. Miyajima, inscrite au patrimoine culturel mondial par l’UNESCO, est d’ailleurs jumelée avec le Mont Saint-Michel.
Il n’y a pas trop de monde car il fait un froid terrible, tantôt il neige, tantôt il pleut. C’est très beau, ça doit l’être encore plus au printemps avec les cerisiers en fleurs ou à l’automne avec les érables rougis …mais c’est la Saint-Valentin, les amoureux bravent les intempéries pour venir se promettre la flamme éternelle au temple de Reika-Do.
Ils se photographient devant le Torii sur l’eau du sanctuaire d’Itsikushima, avec des airs d’amoureux de Peynet version 2011 … Les Japonais adorent Peynet. Et nous, plus que jamais nous apprécions le onsen et les hokkairos, les soupes de nouilles et les huitres chaudes avec les combats de samouraï à la télé dans les bistrots embués ….et la Saint-Valentin à Myajima avec les japonais !
15 Février
Une belle éclaircie … Les douaniers viennent nous rendre visite, nous leur expliquons qu’il fait trop beau pour rester à remplir des papiers. Une feuille contenant toutes les informations nous concernant devrait leur suffire; après plusieurs coups de fil ils en conviennent, avec le sourire: « Assate 9 o’clock…today sightseing … Enjoy Myajima! » ( Demain à 9 heures ; aujourd’hui balade, profitez-bien de Myajima ! »
Le surlendemain ils passeront une heure et demie à bord, avec un chef un peu moins souriant …
Itsukushima jinja , sanctuaire shintoïste , patrimoine mondial de l’UNESCO
Le Torii flottant sous lequel les visiteurs profanes devaient passer, en bateau, pour se purifier avant d'aborder l'ile :
La galerie d’Itsukushima jinja
Pagode Goju-no-to de cinq étages

A côté de la Pagode, Senjyokaku, la très grande bibliothèque de sutras, hall aux mille tatamis datant du XVI° siècle:
16 Février
Ce matin un petit monsieur arrive au bateau, à petits pas rapides comme une souris. En se courbant trois fois il nous offre un sac. « Presento ! » Il joint les mains en se courbant à nouveau, et disparaît comme il est venu. Nous ouvrons le sac : mandarines, œufs, biscuits aux algues, bonbons, cannettes de bière, de café au lait, sans oublier des hokkairos ! On regarde alentour : personne à remercier...Nous retournons vers le panier : une sélection pour " gajin ", que des mets qui peuvent plaire à des non-japonais, quelle attention touchante...
Belle randonnée au sommet du Mont Misen. Montagne sacrée depuis que le saint bouddhiste Kobo Daishi y a résidé. Nous faisons le grand tour, par un parc magnifique, il a neigé toute la nuit, les forêts de feuillus sont blanches, la poudreuse bien épaisse.
Nous redescendons vers un petit temple inoccupé en cette saison, puis regrimpons vers le sommet.
En chemin nous nous arrêtons à Reika-do où un moine entretient le feu éternel allumé par Kukai, alias Kobo Daishi, en l’an 806, jamais éteint depuis.
En 2006 il a été décrété que cette flamme éternelle serait bonne pour les amoureux:
Temps un peu gris mais beau panorama sur la Mer Intérieure.
17 Février. La petite ville de Miyajima est tranquille en cette saison, l’exploitation commerciale laisse le pas à la sérénité des lieux, quelques groupes de touristes passent, toujours vite, les daims en liberté ( l'ile étant sacrée ils ont eu la vie sauve ...) font les vitrines.Visite du musée, des ateliers d’ébénistes qui font des plateaux en pin, de boites à thé en plaqueminier, en cerisier, travail toujours très raffiné.
On se régale d’okonomyaki aux huitres, la spécialité locale, avec les anguilles fumées.
Visite aussi des temples bouddhistes. La pagode Tahoto au-dessus de la ville
Miyajima, sanctuaire shintoiste, est un exemple du syncrétisme caractéristique du Japon; sanctuaire shintoïste, temples bouddhistes, figures animistes et déesse bouddhiste Kannon y sont entremêlés. On dit que les Japonais naissent shintoïstes et meurent bouddhistes, c’est à dire qu’ils pratiquent les deux religions en même temps, le shintoïsme concernant la vie terrestre, le bouddhisme la vie au-delà.
Temple Daisho-in ,
avec des dizaines de petites statues de moines, les rakan, qui sont offertes par les fidèles et entretenues par le temple.
Le Daisho-in est dédié au moine Kukai, fondateur de la secte bouddhiste de Shingon. Boudhisme ésotérique aux nombreuses divinités, même indoues, qui a son grand centre à Koyasan, près d’Osaka. Dans une salle, en miniatures les 88 temples de Shikoku, pélerinage des adeptes de Shingon.
Le dieu Myo-o déterminé à imposer l’enseignement bouddhiste, et ses « doux apôtres »:
Sympathiques jizos. Ces statues qu’on rencontre partout, aussi bien en ville que dans la forêt ou dans les temples bouddhistes, avec un foulard rouge et des offrandes, sont là pour protéger les morts et les enfants.
Tengu, divinité shintoïste des montagnes, avec des ailes et un long nez: