Derrière la côte ...
La route sur Google map.....
Quand on vit sur l’eau , les vacances c’est la voiture ! A force de longer les côtes l’envie de voir ce qu’il y a derrière grandit et dés qu’on trouve un bon endroit où laisser le bateau on file à l’intérieur des terres . La marina Fonatur de Santa Rosalia , un seul ponton , bien à l’abri , est parfaite pour laisser Kauana .
C’est le printemps, le désert fleurit ; en prenant le bus on peut aller jusqu’à Loreto pour louer une voiture , un peu plus loin en prenant un âne on pourra aller voir les peintures rupestres de la Sierra de San Francisco .Au passage il nous faudra aussi passer la frontière pour rafraîchir nos visas .
Nous voilà donc partis pour une belle balade .Un régal .Nous rentrons fourbus mais ravis …Des paysages magnifiques et une immersion dans l’histoire de cette région .
En bleu nos escales maritimes , en rouge notre circuit terrestre...
Avant l’arrivée des Européens plusieurs tribus amérindiennes vivaient dans les déserts de Baja California. Peuples de chasseurs-cueilleurs ils ont quasiment disparu aujourd’hui mais ont laissé un héritage unique au monde de peintures rupestres attestant d’une civilisation très ancienne .
En 1537 Hernan Cortez , « Cortez the Killer » , quittait la baie de LaPaz ; voilà deux ans qu’il s’efforçait d’y installer une petite colonie , l’âpreté du climat et de la résistance indienne le firent renoncer. Cent soixante ans plus tard, en 1697, des missionnaires jésuites fondaient la première mission à Loreto .Ils construisirent 23 missions en 70 ans, autour des rares points d’eau existant , évangélisant et initiant les indiens à l’agriculture. Ils plantèrent ainsi des oliviers, des palmiers dattiers, de la vigne et bâtirent des églises dans des endroits absolument incroyables.
Le contact avec la civilisation occidentale et les méthodes employées apportèrent la fin du mode de vie des indiens , des maladies , des révoltes. Les jésuites durent partir, les franciscains puis les dominicains prirent la relève .
En 1821 le Mexique devint indépendant de son voisin américain mais il devait se protéger de nouvelles convoitises .Les missions furent décrétées terres communales. La péninsule désertique, loin de Mexico , devint un repaire de pirates et aventuriers. Un flibustier américain William Walker se proclama même quelques temps président de la Baja California du Sud ! Les terres du Nord riches en métaux précieux attiraient les compagnies minières américaines, mais aussi les européens comme à Santa Rosalia. Pendant la prohibition aux Etats Unis la ville frontalière de Tijuana connut une belle prospérité. Ce n’est qu’en 1952 que la Baja Californie Nord fut proclamée état du Mexique avec pour capitale Mexicali, et en 1974 la Baja California Sud devint le 31° état du Mexique avec pour capitale LaPaz.
Route vers la Sierra de La Giganta, à l' Ouest de Loreto.
La Mission San Javier, en pierres, construite au XVIII° siècle dans un oasis en pleine montagne.
Une allure de forteresse : les missions abritaient des soldats .
Les rétables fabriqués à Mexico furent transportés en bateau puis à dos de mule.
Loreto , Mulege , sur la côte, des Missions y avaient été construites aussi autour d’un oasis ; aujourd’hui c’est gringoland , bien imprégnée du tourisme américain.
Bahia Concepcion est une suite de criques et belles plages , riches en faune sousmarine et oiseaux …
Une seule route traverse la péninsule, nous l’empruntons sur 1200 kilomètres de Loreto à Tecate, traversant des paysages grandioses et variés de volcans, déserts, canyons.
La « cuesta del inferno » , après Santa Rosalia , vers le volcan des Tres Virgines .
Il y a peu de monde sur la route , quelques camions , des contrôles militaires , peu de stations service…Et puis il y a les petites chemins de terre qui nous emmènent à droite ou à gauche, vers un ranch ou vers nulle part . On y rencontre des cailles, des écureuils, des oiseaux rouges, jaunes, des lézards, des serpents…
Ici un serpent à sonnettes …qui sonnait bien !
Un couple de cailles avec les petits.
San Ignacio , un village autour de la mission .
En pierre également, dans un oasis …
Nous nous arrêtons dans la petite pension Casa Léjée , du nom de ses fondateurs français . Notre hôtesse, Jane , une américaine passionnée qu’on appelle dans le village Juanita , s’est installée là il y a une quinzaine d’années . Elle a recueilli des photos et témoignages des habitants de San Ignacio dont elle a fait un livre émouvant.
San Ignacio est le point de départ de la grande attraction touristique de la région : les baleines grises. Depuis la nuit des temps les baleines grises viennent de l’Arctique pour se reproduire dans les eaux calmes et riches de la lagune de San Ignacio, tout comme dans celle de Guerero un peu plus au Nord et celle de Bahia Magdalena au Sud . Trois lieux précis , situés juste en dessous du 28° parallèle. Ces baleines s’y nourrissent en filtrant les crustacés et coquillages aspirés avec la vase du fond.
De Janvier à Mars il y a grande activité, certaines s’accouplent après des parades amoureuses spectaculaires, d’autres mettent bas après 360 jours de gestation, puis une partie d’entre elles, dont les mâles, repartent vers la Mer de Barents, au-delà du Détroit de Béring où elles se nourriront de krill .Elles vont vite : le Daily paper de Kodiak annonce qu’elles sont arrivés à Kodiak ! Seules les femelles avec leur petit prolongent le séjour en eaux chaudes de quelques semaines. Ce sont celles là que nous voyons, on est en fin de saison . Ce qui est extraordinaire c’est que ces baleines semblent apprécier la présence humaine.
Le contact est très contrôlé, seules quelques pangas , le bateau local des pêcheurs, sont autorisées à les approcher . 15 mètres de long , 40 tonnes , ces géants sortent la tête hors de l’eau pour regarder les touristes, viennent câliner la panga, passent dessous , ressortent doucement sur l’autre bord .On peut les caresser, la peau est incroyablement douce , se faire asperger par leur souffle tiède…
La balade dans la lagune aux couleurs parfois étonnantes est un vrai plaisir .
Quittant San Ignacio nous bifurquons vers San Francisco de la Sierra pour voir les peintures rupestres de la Cueva del Raton. Une route toute neuve traverse des paysages grandioses de canyons bruns et ocres.
Puis soudain la route s’arrête, elle est remplacée par un chemin de pierres cahotique. Nous nous arrêtons dans un ranch , encerclés par des chèvres à grandes oreilles. Là un jeune homme , Ricardo , nous explique que la grotte est encore à 6 kms , que nous ne pouvons pas y aller avec notre voiture , qu’il faut aller d’abord au village encore plus loin pour demander un guide car les grottes , patrimoine de l’Unesco , sont protégées …Bref il nous emmène dans son vieux 4x4 brinquebalant. Le village de San Francisco est situé sur le plateau, à1100 mètres d'altitude.
Les peintures de la Cueva del Raton nous laissent sur notre faim. Ricardo nous propose de nous emmener voir celles du Canyon Santa Teresa , la Cueva La Pintada, les plus belles peintures mais aussi les moins accessibles. Juanita de San Ignacio nous avait dit la même chose. Deux jours de marche, avec un âne pour porter les affaires ? chiche ! Mais il faut repasser par San Ignacio pour demander l’autorisation. On se quitte avec un bout de fromage de chèvre en se promettant de se revoir bientôt.
Il nous faut d'abord aller jusqu'à Tecate pour renouveller notre visa.
Six cent kilomètres de route en traversant le désert de Catavina : paysage lunaire semé de boulders , gros rochers ronds, désert de « cirios », arbres sans branches aux allures de cierges…
Autour de Saint Quintin, côté Pacifique, les dunes sont couvertes de ces plantes grasses rouges en pleine floraison. Le vent de l’océan soulève le sable et la poussière dans cette grande plaine agricole sans rien pour l’arrêter. On y cultive à grande échelle des fruits et légumes sous tunnel, en ce moment c’est la récolte des fraises.
Au Nord d’Ensenada le paysage devient méditerranéen .On y produit les trois quarts du vin mexicain, de l’huile d’olive…C’est la partie la plus peuplée de la Baja California, zone frontalière où sont implantées des entreprises américaines.
Le renouvellement de visa prend quelques minutes. Deux jours après nous sommes à nouveau chez Ricardo, avec l’autorisation d’aller à La Pintada, des provisions d’eau, nourriture, de quoi camper, etc…