SANTA ROSALIA
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Escale sur la côte à Santa Rosalia. Petite ville minière au passé français qui interpelle .
Entre désert et mer, sel et poussière, des rues colorées aux maisons à étage avec des vérandas fleuries et les vestiges d'une présence qu'on pourrait dire coloniale. S'y promener est un véritable retour dans le temps : tout est là, les maisons, les machines, plus ou moins bien conservées. Les voitures et les smartphones s’y intègrent comme sur le plateau de tournage d’un film ….
En 1885 une compagnie minière française achète les droits d'exploitation de cette partie du désert mexicain pour 99 ans , ses prospecteurs y ont en effet découvert du cuivre, sous forme de boulets verts à même le sol. L'entreprise s'appellera El Boleo; les veines de minerai : Providence, Solitude, Enfer, Purgatoire donneront leur nom aux quartiers de la ville. On fait venir de la main d'oeuvre, indienne, chinoise, japonaise, des machines européennes, du bois canadien.
L'eau d'un oasis à 15 kilomètres dans les montagnes est acheminée par aqueduc .On construit un port, 600 kms de tunnel, un chemin de fer, et une ville complète à l'image des villes européennes de l'époque : téléphone, cinéma , école, hôpital, boulangerie
L'église est achetée en kit après l'expo de Paris de 1889 : dessinée dit-on par Gustave Eiffel elle était prévue pour un pays africain , en métal pour résister aux termites , elle fait aujourd'hui la fierté de Santa Rosalia.
Les bureaux de la compagnie dominent le port , dans un grand bâtiment en bois qui abrite aujourd'hui le musée.
Les ingénieurs , cadres , médecins ,professeurs français sont logés à l'Hôtel Francais , demeuré intact et toujours en fonctionnement.
Théoriquement les européens qui venaient travailler à la mine ne devaient pas fréquenter les indigènes …mais les entorses à la règle ont été nombreuses et la moitié de la ville porte des noms bien de chez nous .
Le minerai était fondu sur place.
Dans ce monument en bois s’accumulaient les scories de fonderie avant d’être rejetés en mer …ce qui explique le sable noir des plages de Santa Rosalia .Ensuite le cuivre était acheminé vers Tacoma , près de Seattle , ou vers l’Europe pour être raffiné…
El Boleo se fournit en viande et légumes dans des ranchs alentour, imposant des conditions draconiennes qui soulevèrent la révolte des rancheros de San Ignacio .
La vie à Santa Rosalia sous la cheminée de la fonderie , dans la chaleur et la poussière, est dure .Les conditions sont dures aussi dans la mine , parfois inhumaines , ceux qui tentent l'aventure s'engagent pour 8 ans minimum et les infractions à la règle sont sévèrement réprimées. Si Santa Rosalia est au début du XX° siècle une des villes les plus modernes du Mexique , ceux qui s’en sont sauvés racontent l’enfer … Au point qu'un jour Pancho Villa pointa le bout de son nez dans le port de Santa Rosalia et fut accueilli en fanfare.
Cependant la réputation de Santa Rosalia avec ses fêtes , ses orchestres , son église et ses écoles attire nombre de colons , et aujourd'hui encore le nom de Santa Rosalia évoque le charme plus que la peine .
De 1914 à 1918 douze bateaux allemands sont bloqués au mouillage dans le port de Santa Rosalia. Depuis la révolution plusieurs bateaux européens et américains stationnaient en Mer de Cortez pour veiller au sort de leurs ressortissants …et aux mouvements des bateaux ennemis .Quand arrive la nouvelle de la défaite les marins allemands n’y croient pas ; il est de toutes façons trop tard pour saborder la flotte, en 1920 les bateaux seront partagés entre français italiens et anglais .
Les filons de minerai s'épuisant , la rentabilité de l'entreprise diminue et en 1954 l'entreprise El Boleo ferme .Les travailleurs mexicains continuent à exploiter la mine , puis elle est revendue à des Canadiens ; aujourd'hui une entreprise coréenne l'exploite à nouveau avec une technologie plus efficace. La ville retrouve son dynamisme , on repeint les façades, on reconstruit dans le style colonial. Il fait déjà plus de 30° degrés dans la journée mais à l’ombre des vérandas la brise est douce …
"Il y a eu beaucoup d'exploitation humaine dans cette histoire , nous explique Renée dont le père était indien et la grand mère française, mais je suis contente car grâce à eux je suis là .Je suis triste aussi car ce sont toujours des étrangers qui tirent profit , jamais le Mexique…" Ce qui vaut la reconnaissance de Renée à la présence française c'est l'attention que portait l'entreprise El Boleo au niveau d'éducation des enfants et au système de soins mis en place …Elle en a gardé l’héritage .
A côté de l'activité de la mine Santa Rosalia est un port de pêche au calmar...