APRES SANTO

Publié le par Helene

GALERIE PHOTOS

Escale prolongée à Santo pour réparer le moteur; lessives, carénage, internet, le mouillage d’Aore est pratique et agréable.

Il y a deux autres voiliers. Avec l’annexe on traverse le chenal entre les deux iles, en ayant soin de ne pas heurter le dugong qui est installé dans la baie et qu’on aimerait bien voir brouter l’herbe qui pousse si vite sous la coque de Kauana. Non, le soir on entend le dugong souffler et soupirer mais il préfère le fond herbeux à nos algues!

En quelques minutes on est dans Luganville. Un arrière-pays agricole alimente un beau marché, Santo est réputée pour sa viande de bœuf.

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Port de commerce actif avec les gros cargos qui arrivent d’Australie et les petits caboteurs qui desservent les iles Banks et les Torrès.

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L’histoire de cette ile a été marquée par ce qu’on a appelé «  la rébellion de Santo ». En 1975, à  la veille de l’indépendance du Vanuatu, l’ile de Santo, menée par un leader sécessionniste très actif, Jimmy Stephens, s’est déclarée république indépendante. La rébellion a été rapidement matée par le gouvernement anglophone alors au pouvoir qui a pour cela fait appel à l’armée de Papaousie Nouvelle Guinée ; les soldats papous se sont trouvés face à des rebelles armés d’arcs et lance-pierres…

Un soir nous avons l’occasion d’entendre un « bamboo band », orchestre de bambous, invité au Resort d’Aore. Spécialité des iles Salomon adoptée par un groupe des iles Banks.

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Un matin nous apprenons que notre voisin de mouillage vient de se faire scalper par un banana boat qui lui est passé dessus alors qu’il nageait autour de son bateau. Evacué sur Port Vila puis Nouméa il s’en sortira…avec cent vingt points de suture.

Un autre jour la terre tremble si fort que j’ai cru que Rémi avait démarré le moteur…

Les dépliants touristiques vantant la plongée sur l’épave du Coolridge , un paquebot coulé par  30 mètres de fond je vais y faire deux plongées: tout aussi décevant que One million dollars Point…

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Nous voici partis pour un périple dans le Nord de l’archipel, les iles Banks et les iles Torrès.

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Première escale: Ambae, à cinquante miles de Santo. Mouillage à Lolowai au Nord de l’ile où se trouve un centre médical. Un bateau néo zélandais, vieux  cargo chinois reconverti, est là en assistance médicale. Une installation de panneaux solaires toute neuve a été offerte par le Japon.

Si le Vanuatu est pour certains un paradis fiscal, c’est surtout un grand terrain d’action pour la coopération et l’aide humanitaire. On en a partout des exemples. Ici une école reconstruite par un Rotary club, là un bateau offert par l’ambassade de France…

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mais aussi beaucoup de petites initiatives privées remarquables, comme celle de notre ami australien Ken qui sillonne ces iles avec son vieux bateau à moteur, transportant des biens, des gens, de l’eau là où il y en besoin, ou pêchant au large du poisson qu’il distribue au village… On rencontrera plusieurs fois des jeunes américains de « Peace Corp ». Ils passent deux ans dans un village, partageant la vie d’une famille, il faut avoir du cran pour  se lancer dans cette expérience à 20 ans!

 Avec des objectifs variés, de santé, enseignement, développement, protection de l’environnement, religion, observation scientifique, le volontourisme fleurit au travers d’agences spécialisées.

Nous faisons la connaissance de Jeanne, et son oncle Thomas qui parlent français, Helen la femme de Thomas est anglophone. Tous rêvent de monter à bord d‘un voilier, il ne s’en arrête jamais chez eux.

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Nous partons les retrouver dans leur village, Nagniré, un peu plus au Sud…Pas étonnant qu’aucun voilier ne s’arrête sur cette côte, ce n’est pas vraiment un mouillage, ça roule tant et plus! Nous mettons l’ancre devant une grande plage de sable noir au pied d’une montagne de cocotiers,

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Sur la côte l’école et l’église, catholique, école francophone…

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Ici on rend un hommage magnifique aux « missionnaires qui nous ont tant appris ». Un enseignement de qualité...et gratuit. Un peu plus tard dans la conversation avec Joseph, le père de Thomas, nous nous apercevons qu’il a été l’élève de Ghislain en 1968, Ghislain étant alors VAT à Port Vila …Grand moments d’émotion pour Joseph qui se souvient d’avoir été avec lui à Nouméa pour un rassemblement scout.

On envoie un message à Ghislain :

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Un peu plus haut dans le « bush », le village…

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Séchage du cacao, une production  importante, comme à Santo.

 

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Préparation du kava:

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Nous passons quelques jours à Nagniré, chouchoutés par la famille de Thomas, c’est à dire tout le village.

On rencontre le chef, Paul, père de Jeanne

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On boit le kava au bar à kava,

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On visite l’école,

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Pendant les trois premières années d’école l’enseignement est en bala, le dialecte local. Les deux années suivantes il est en bichelamar, la langue ni-vanuatu, avec recours au bala si c’est nécessaire, puis on enseigne le français, ou l’anglais, suivant les écoles…Pas simple pour les professeurs!

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Les visites à bord se succèdent,

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Nous somme  invités à déguster le laplap, le plat traditionnel à base d’ignames et tarot…Les tout petits enfants  pleurent ou se cachent en nous voyant, ils n’ont jamais vu de white men. Nous sommes dans une petite communauté dans la jungle, on nous raconte en français des histoires de sorciers et de cannibales, de pigmées dans un village un peu plus haut…c’est Tintin au Congo! Mais bien chaleureux…

Le jour de notre départ Thomas nous retient à déjeuner, Helen a spécialement préparé un poulet, son père nous offre une sculpture représentant  un guerrier avec une dent de cochon courbée, emblème du Vanuatu…

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Accompagnés par les enfants sur la côte nous regagnons le bateau, prêts pour une navigation nocturne vers les iles Banks.

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Et là, surprise! Le cockpit est nettoyé, le carré vidé, on a été cambriolés! ordi, jumelles, telephone, portefeuille, vêtements... tout ce qui n’était pas dans les placards, difficiles à ouvrir pour qui n’est pas habitué,  a disparu!   Cela ne nous était jamais arrivé, ça fait un choc!

Le soleil descend, c’est l’heure sacrée du kava, Rémi appelle quand même Thomas. Il le ramène aussitôt à bord avec le chef d’un autre village qui était chez lui… Nos amis ne nous laissent pas tomber! En partant nous avions remarqué une pirogue bleue qui tournait autour du bateau sans raison, il n’y a pas de pêcheurs sur cette côte. Nous avions fait demi-tour pour fermer à clef en laissant un capot entr’ouvert pour l’aération…

Thomas passe deux coups de fil. Il n’y a pas de police ici et il n'y en a pas besoin. Tout va se régler rapidement, entre chefs. Une pirogue bleue a été volée le matin même dans le village devant la plage où nous sommes, le voleur est repéré. Rémi accompagne nos amis  sur la plage…Je contemple le carré de Kauana, il  n’a jamais été aussi en ordre. La liste s'allonge:  lunettes tablette disques durs, cables, chargeurs, enceintes…mais  aussi  les chaussures, les canifs …même les coussins et les épingles à linge sont partis, un vrai déménagement! Tout ça dans une pirogue! Il ne reste que les livres et les photos. Un grand froid s’est abattu soudain sur ces eaux jusque là si bienfaisantes. On se sent bien nus au milieu du Pacifique… 

Le chef est sur la plage, on leur amène le voleur, et presque la totalité du butin; le voleur est un pauvre gars revenu sur l’île après avoir trop fumé de cannabis à Port Vila ; il a gardé un téléphone, tous les vêtements et quelques bricoles, Rémi propose d’aller chez lui… « Non, non, pas besoin, on a tout fouillé…» Il ne faut pas insister, on est dans un monde tribal régi par le consensus autour du chef plus que par le droit  du citoyen…Thomas  vient boire une bière à bord, nous levons l’ancre dans la foulée. Longtemps la loupiote de Thomas restera allumée sur la côte…

Après le choc vient la réflexion. Tout d’abord on se rend compte que nos amis nous ont vraiment bien aidé, sans eux nous n’aurions même pas pu partir. Mais aussi nous avions peut-être commis une erreur: rester au mouillage devant un village sans le fréquenter. Nous avions bien été saluer le chef le premier jour mais ensuite nous allions débarquer un peu plus loin, dans un coin plus abrité devant le village de nos amis. Les deux villages - plutôt que village d’ailleurs il faudrait dire clan, ou tribu- se touchent, à peine séparés par l’école,  mais la notion de territoire, c’est à dire les terres, la plage et la portion de mer devant, est importante : elle entraine pour les personnes admises sur ce territoire une  protection de toute la communauté. D’habitude nous établissons des contacts, accompagnés de petits cadeaux, ou de poisson si on a pêché, on nous offre des fruits, et tout le monde sait qui nous sommes. Là, accaparés par nos amis d’à côté, nous avons négligé ce contact, du coup personne ne s’est senti concerné par ce qui se passait sur notre bateau, ni par le déménagement qui traversait le village… C’est du moins comme cela que nous le comprenons…

Publié dans PACIFIQUE OUEST

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