En famille
Voilà une semaine déjà que nous sommes à Luganville, sur l'île Espiritu Santo, et que notre équipage nous a quittés. Pas le temps d’avoir le blues, un gros boulot nous a pris par la main: une patte de cylindre bloc, ce qui soutient le moteur, avait cassé. Heureusement Rémi s’en est aperçu avant que ce ne soit trop tard, mais il a fallu s’attaquer au problème, tout démonter, faire ressouder la pièce...je l’assiste en faisant la petite main contorsionniste! ça y est, le moteur est remonté, le moral aussi, je prends le temps d’envoyer les photos du séjour d’Antoine et sa famille…
Les voilà, arrivant de Lifou et parés pour l'aventure à bord de Kauana: Solène, Mané, Gaby, Cisco, et Antoine.
Nous les attendions à Port Vila, très gentiment assistés par Janet et Hugh, nos
Port Vila une petite ville tropicale aux accents français, où boulangeries et restaurants "french cuisine" tenus par des Néo Calédoniens côtoient les bars à Kava. Un musée qui présente de beaux masques de l'ile d'Ambryn , des tambours fendus. Les enfants y apprennent le dessin sur sable, un art de l'éphémère pratiqué sur l’ile Malekula.
Un centre culturel riche en sculptures, des banques de tous pays, un marché 24h sur 24 où les femmes dorment sous leur étalage de fruits et légumes…
Port Vila, capitale du Vanuatu, un bon endroit pour me faire arracher une dent? quel luxe de voir le bateau au mouillage depuis le siège du dentiste… Je vois également les restes du cyclone Pam qui est passé l’année dernière sur Port Vila.
En faisant les courses dans un supermarché qui pourrait se situer à Papeete ou à Nouméa j’ai la fierté de trouver les vins de Corbières produits par ma nièce…
On va voir le volcan ? demande Gaby…Ce sera pour une autre fois, on pourra y aller en avion, lui expliquent ses parents…Nous irons plutôt découvrir des coins accessibles seulement en bateau.
Nous partons donc vers les iles Maskelyne au Sud de Malekula.
Escales rapides à Port Havanah, sur l’île Efate, grande baie où les américains avaient établi leur flotte,
Escales sur l’ile Emae, sur Epi, Lamen bay, à la recherche du dugong. Le dugong est un mammifère marin à la queue de sirène et au corps de vache, qui broute les fonds herbeux. On pourrait en voir plus souvent sous les latitudes du Vanuatu s’il n’était comestible! A défaut d’en voir sous l’eau j’en ai un pour le thé que m’a offert Mané.
Le temps est instable, pluvieux même parfois, nous restons quelques jours dans la Baie de Awai, dans les iles Maskelyne.
Un monde en marge où la pirogue est le seul moyen de locomotion, la pêche et l’agriculture essentiellement vivrières. Le coprah est la seule ressource monnayable….l’argent sert à payer l’école pour un enfant qui assurera l’avenir de la famille.
La rencontre avec les habitants est plutôt sympathique. On nous offre des fruits, des patates douces, des ignames. Nous offrons des vêtements, des hameçons, des cordages…
Toute la vie du village est organisée autour du « jardin », une grande plaine fertile sur une autre ile où chaque jour on se rend en pirogue pour ramener tarot, bananes, ignames…Peu de variété dans le menu car depuis le dernier cyclone on manque de semences…
Le soir, retour au village, sans oublier le bois pour cuisiner.
L’école est sur une autre ile, les enfants y vont avec des petites pirogues.
Quand il pleut on ôte la chemise d’uniforme, quand il y a trop de vent on ne va pas à l’école…
Nassé, le frère du chef nous montre une belle voile, cadeau d’un navigateur de passage. Me voilà partie à y tailler une voile de pirogue. Du coup Sofren me demande d’en faire deux autres! Nous ne restons pas assez longtemps, ce sera pour une autre fois, sur le chemin du retour!
Côté pêche c’est maigre. La zone autour des villages est protégée, le reste de la baie est pauvre en poisson. Sofren nous explique qu’un commerçant de Port Vila entrepose parfois un container réfrigéré que les habitants remplissent jusqu’à ce que la mer soit vide!
Ici aussi on entend un dugong, sans le voir.
Avec les talents d’Antoine et Solène tout se transforme en jeu, leurs enfants comme ceux du village sont à la fête…
Petite balade dans la forêt sous la pluie.
Après Awai bay nous continuons sur la côte Est de Malekula.
Opération prélèvement de plancton. Pas idéal scientifiquement parlant car on doit effectuer les prélèvements plus au large, mais sympa à faire avec les enfants.
On ramène à bord le chalut qui était depuis un quart d’heure à l’eau. Puis on transvase la récolte pour ensuite la filtrer.
Le plancton récolté est plein de petites méduses qu’on enlève à la pince à épiler et que les enfants remettent à l’eau.
On fait l’opération en double. Les filtres sont mis à sécher sur une feuille de papier alu froissé, dans le panier de la cocotte minute…
Puis l’ensemble est étiquetté, emballé, prêt à être expédié au laboratoire de Roscoff.
Escale à Banam bay. Dans le lointain, le volcan d’Ambryn.
Puis Uri Island.
Mouillés à Port Lautour nous allons nous baigner en eau douce sur l’ile Malo.
Ambiance mystérieuse de la mangrove qui nous conduit à un trou bleu…
Retour vers notre dernier mouillage, sur l’ile d’Aore en face de Luganville d’où nôtre fier équipage repart pour Lifou.
Mais avant de partir, une dernière plongée sur le site appelé « One million dollars point », une vaste décharge, camions, jeep, bateaux, matériaux de construction… laissés par les américains à la fin de la guerre du Pacifique, un trésor qu’ils ont préférer couler plutôt que l’offrir à leurs hôtes…Mystères de la guerre? ou besoins de la croissance économique? A défaut de comprendre les Ni-van ont converti le lieu en un centre d’attraction pour plongeurs…