KAZU
Après ses deux années de navigation solitaire dans le Pacifique, Kazu a enchainé sur un tour du monde de deux mois en paquebot. Maintenant il vit sur son voilier au ponton de Murotsu, ce qui est pour le moins original car il n’y a rien à Murotsu …
Une plage qui doit s’animer quelques jours en été, un port de pêche qui ne sert plus qu’aux pêcheurs amateurs, et les deux pontons de la marina qui prennent vie le weekend. Kazu prépare la régate en Corée du Sud au mois de mai. Malgré ses 72 ans il préfère cette vie à sa maison de Kita-Kyushu. ll dit qu’il aimerait monter une école de voile …mais il n’y a pas d’enfants au village, l’école est presque vide …En attendant il nous a réservé un accueil comme il n’a pas du souvent en rencontrer dans ses voyages. Mais les japonais sont uniques. Ils le savent et ça leur donne une force déconcertante .
Il est venu à notre rencontre en mer …A peine amarrés nous sommes attendus au club house avec un de ses amis qui connaît bien la Mer Intérieure où nous allons. Ils passent deux heures à nous marquer des repères sur les cartes, vérifier les courants, les hauteurs de pont etc. C’est dimanche soir, cet ange gardien rentre chez lui, nous ne le reverrons pas …Tout ce qu’il nous a indiqué vient compléter les infos que nous avait fournies Sakae. Nous voilà parés pour la suite du voyage .
Le lendemain Kazu nous a organisé une visite touristique de la région.Dans sa petite voiture rectangulaire comme une boite à chaussures il nous emmène voir le pont du Kamnon kaykio
la très belle pagode Ruri Koji de Yamaguchi
le temple Joeiji avec un jardin zen très ancien,
le Memorial « Xavier » car Saint Francois Xavier a séjourné à Yamaguchi
pour terminer la journée par un diner de "kawara soba" , "nouilles sur la tuile brûlante".
et le onsen de Kawatana. Mission accomplie, sans grandes effusions mais avec efficacité , notre japonais aux cheveux longs retenus par un bandana qui dansait avec les polynésiennes de Kapingaramangi a coupé ses cheveux et repris du poids, il ressemble à tous les conducteurs de boite à chaussures; mais le fait de nous accueillir, les repas à bord de Kauana, les amarres qu’il nous largue, tout cela semble faire partie d’un rêve qui sublime chacun de ses gestes …
Passage du Kamnon Kaykio avec escale à Kitakyushu :
"One more day in paradise"...
Coup de fil de Sakae San, un autre ange gardien qui vient s’assurer que tout va bien à bord de Kauana car la météo est mauvaise …Nous le rassurons : le bain au Sea Side Spa de Kita-Kyushu a été bien agréable, le passage du Kamnon kaykio bien froid, l’arrivée à Himeshima moins simple que prévue car « notre » place était prise, il a fallu se mettre en bout de quai .
Ile désespérément grise en cette soirée d’hiver.
Mais voilà de la visite ! Un petit voilier qui arrive: le propriétaire et son « instructor », qui vont de Beppu à Kita-Kyushu. Ils passent prendre un verre à bord. Une bonne dépression avec 45 nœuds est prévue pour le lendemain. Le vent qui devait être Nord Ouest sera finalement Nord Est, plus confortable pour eux que pour nous qui allons …au Nord Est! Si on l’avait su on n’aurait pas tiré ce bord vers Himeshima, on aurait longé la côte sud de Honshu. Bon, c’est comme ça ! La prévision c’est ce qu’il y a de plus difficile aurait dit un banquier !
J’ai oublié de raconter que lors de notre départ de Fukuoka les amis nous avaient bourré les poches et les bottes de hokkairo. De vrais amis! Une belle invention les hokkairo ! il s’agit de petites chaufferettes pour les mains, les pieds, le cou, les reins, ça se présente sous forme de sachets en papier tissus remplis de cellulose, fer, sel, vermiculite …On ouvre l’enveloppe plastique qui protège le tout, le sachet en papier tissus est ainsi mis au contact de l’ai, on le malaxe sept fois avec les doigts pour activer l’oxydation et c’est parti pour douze , voire vingt heures de chaleur là où on avait froid ! Tous les japonais portent des hokkairo, car comme on sait les maisons japonaises sont difficiles à chauffer. On les garde dans la poche ou on les colle à l’intérieur des vêtements …