Flashback ...SHIKOKU
Nous sommes à Tadotsu, entre Matsuyama et Takamatsu, sur l’ile Shikoku.
A peine amarrés à un ponton la conversation, par mains et gestes, s’engage avec nos voisins pêcheurs.
Ils pêchent des grosses nacres, par 25 à 30 mètres de fond, en plongée avec des scaphandres …
Après la pêche le plongeur dort deux heures dans un caisson de décompression alimenté par le moteur du bateau.
Ils nous offrent un sachet de ces délicieuses coquilles à manger crues en sashimi…
Tout à coup nous entendons : « Bonjour, comment allez-vous ? » et nous faisons connaissance avec Mie Ozaki.
Osaki san, la cinquantaine, un sourire aussi généreux que son énergie, va nous entrainer pour quelques jours dans son tourbillon. Mère au foyer, elle a élevé ses trois enfants puis commencé à apprendre le français. Depuis, elle se consacre à « shikokumuchujin », la promotion de Shikoku auprès des français … Pour cela elle organise des séjours, offerts à des candidats français (avis aux amateurs: il faut consulter le site Shikoku Muchujin).
Ozaki san passait au ponton du ferry pour accueillir un jeune dessinateur français qui vient de publier un livre superbe sur une toute petite ile voisine, Manabe shima: Florent Chavouet…Il faut connaitre ce livre, plutôt un carnet de voyage, tant il évoque avec justesse la vie des petites iles japonaises…Manabe shima
Florent avait déjà publié un livre sur Tokyo. Il vient au Japon pour la sixième fois, a parcouru Shikoku et le Kyushu en vélo, séjourné deux mois à Manabé, il adore les japonais et il semble que les japonais apprécient son livre plein d’humour et de tendresse …
Mie Ozaki nous fait bénéficier du super programme préparé pour Florent; ainsi nous irons visiter deux demeures anciennes, chez des particuliers passionnés d’antiquités qui ont transformé leur maison en musée,
Cérémonie du thé ..
puis nous allons voir un potier, qui utilise les techniques issues de Bizen, une ville réputée pour sa poterie près d’Okayama,
Préparation du thé dans les bols de sa fabrication :
Le musée des éventails,
Le temple Konpira, connu pour ses 1360 marches, est dédié aux navigateurs. Un hommage est rendu aux généreux donateurs du temple, les chantiers navals.
Pique nique avec Florent et Mie Ozaki dans le très beau jardin Ritsurin à Takamatsu.
Nous dinons un soir chez un entrepreneur qui doit loger Florent, ce n’est pas la maison où il vit avec sa famille, c’est la maison où il reçoit, d’une manière décontractée, autour d’un barbecue …Ce n’est pas la première fois que nous voyons cette formule « maison de campagne » pour recevoir les amis ….ce n'est pas loin de la maison habituelle mais c'est bien différencié.
Puis le lendemain tout le monde dine à bord de Kauana. Comme d'habitude nos invités ont tout amené, jusqu'aux baguettes … et en partant ils emmènent les poubelles ! Le saké coule, les flash crépitent, tout le monde a l’air content, c’est sympa.
Parmi les convives, un journaliste de l’ Asahi. Il publiera un article sur le côté extravagant et inimaginable pour un japonais de vivre sur un bateau : loin de chez soi, en couple, sans « company » ou patron…Quant à emmener un enfant, lui faire suivre une scolarité à bord…il a cru que c’était de la science fiction et arrangé notre histoire à sa façon …
Tadotsu c’est tout petit mais sur la colline au-dessus du port il y a un centre de shorinji-kempo, un art martial. C’est en fait Le grand centre national de cet art ; à 50 mètres du bateau il y a aussi Le grand centre national de sanuki-udon, des nouilles qu’on mange surtout en soupe, le kake-udon….
Le bateau étant en sécurité dans un endroit gratuit (ou presque ! 1 yen la tonne, ce qui fait pour Kauana 15 centimes d’Euro par jour, pour lesquels un fonctionnaire en uniforme nous signe un reçu ! ) nous louons une voiture et partons en balade à l’intérieur de l’ile.
Superbe vallée d’Iya avec ses eaux vert émeraude,
Côte très découpée,
avec de minuscules ports de pêche
Vendeuses de calmar
Recyclage des bouées :
Les boutiques de légumes self-service sur le bord de la route comme on en voyait dans le Kyushu et l'Okinawa :
Falaises du Cap Ashizuri,
Des onsen partout ! En montagne,
au bord de la mer,
A Dogo se trouve le plus ancien onsen du Japon
Nous croisons les « o-henro san », pèlerins du « henro », le tour de Shikoku en 88 temples ; ils sont vêtus de blanc avec un bâton …de pèlerin! Le pèlerinage, selon la tradition de Kobo Daishi, fait la boucle du n°1 au n°1 en passant par 88 temples, le chemin de l’éveil, le chemin de l’ascèse, le chemin de l’illumination et le chemin du nirvana, symbolisant ainsi la quête de l’infini; on le fait à pied ou en vélo, 1300 kms , on peut acheter la panoplie au premier temple. Compter un à deux mois. Il vaut mieux le faire avec un bon esprit !
A l’auberge, au restaurant, on apprécie comme tout est raffiné
Nous étions venus à Shikoku en 1992, sac à dos, nous avions visité le jardin Ritsurin, le château de Matsuyama, dormi une nuit au temple Sentuji… C’est finalement un peu aussi un pèlerinage pour nous. A l’époque un seul pont franchissait Seto Naikai, c’était, pensions-nous, le plus grand pont du monde, nous avions imaginé passer dessous en bateau. Nous y voilà! Les japonais adorent qu’on leur raconte cette histoire!