Une ile dans les quarantièmes

Publié le par Kauana

GALERIE PHOTOS .

En entrant dans la baie de Paterson on aperçoit une ferme sur une pointe ventée, des cyprès de Lambert déchiquetés, quelques moutons… C’est la dernière ferme qui reste sur Stewart. En 1850 qui pouvait avoir envie de cultiver la terre de cette ile au milieu des quarantièmes rugissants, au sol ingrat de tourbe et granit, vouée aux tempêtes et pluie toute l’année ? Les maoris des tribus de l’ile du Sud n’y venaient qu’épisodiquement. Amour de la nature, goût du défi, espoir de gagner de l'argent ?  Des écossais, allemands, norvégiens sont venus, pour la pêche, pour l’agriculture, certains ont épousé des maories... Le petit musée d’Oban, le seul village de Stewart,au nom bien écossais, raconte l’histoire de ces familles pionnières. A Mason Bay, sur la côte Ouest, la ferme d’Island Hill a compté jusqu’à 1200 moutons, l’activité s’est arrêtée en 1967.

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Aujourd’hui les quatre cent habitants de l’ile vivent surtout de la pêche et du tourisme, éparpillés autour de Halfmoon bay, le nom usuel d’Oban.

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Devant le pub nous retrouvons Rastus notre ami pêcheur rencontré dans les fjords. Il nous emmène chez lui. Hier soir son fils de quinze ans, pensionnaire à Invercargill, sur l’ile Sud, est arrivé pour le week end; ce matin première heure le gamin est réveillé par son smartphone: une alarme signalant qu’un daim passe en bas du chemin. Il bondit sur son fusil…Il y a deux jours c’est sa femme qui en a pris un.

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Avec Rastus et son truck orange nous parcourons les quelques vingt kilomètres de route que compte l’ile. A chaque instant Rastus précise: ça c’est une maison de local, ça une maison pour vacanciers..ça c’est un bateau de pêcheur, ça c’est un bateau de pêche loisir…Les iliens semblent farouchement attachés à leur identité même si le ferry et l’avion les emmènent souvent sur « mainland », l’ile du Sud.

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Au pub, où randonneurs et locaux se mêlent joyeusement, on les reconnaît à leurs barbes rousses, grosses bottes et gros bras, l’accueil est chaleureux. Arthur qui est arrivé sur l’ile il y a vingt ans nous confie : «  Je suis encore un étranger », mais, comme ce jeune nantais employé à la supérette, il est tombé amoureux de l’ile et n’envisage pas de vivre ailleurs.

Il y a eu jusqu’à mille habitants sur Stewart, un chantier naval monté par des Norvégiens pour les baleiniers d’Antarctique, dont on voit les restes à Whales bay, un autre par un écossais, à Leaks bay, une conserverie qui présenta ses  boites d’huitres et blue cod à la l’exposition universelle de Paris de 1889, des scieries. Aucune de ces activités  ne semble avoir duré longtemps. Trop couteux, pas rentable, à cause de l’isolement, du climat,  nous explique Rastus.Plus récemment des tentatives d’ostréiculture, d’élevage de paua ont été faites…seuls fonctionnent un élevage de saumon dans Glory Bay et des petits élevages de moules vertes.

Grâce à ces difficultés naturelles  et l’esprit d’indépendance de ses habitants, l’ile est restée intacte. Les albatros entrent dans la baie derrière les bateaux, les huitriers pie remontent la rue,

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85% de la surface de Stewart est Parc National. 300 kms de sentiers parcourent des forêts uniques, auxquels s’accrochent des plages dorées qu’un rayon de soleil transforme en bijoux.

 

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Au mouillage d’Halfmoon bay nous préférons celui de Gold Bay de l’autre côté, plus confortable par vent d’Est; en un quart d’heure on est au village..

 

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Quand le brouillard tombe c’est pour deux jours:

 

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Rastus toujours aussi gentil nous propose une autre bouée dans Vaila Voe Bay, plus abritée du vent d’Est. Accessibles à marée haute, des garages à bateaux:

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Belles balades sur la côte à partir de Halfmoon Bay : des fougères variées, des pins insignis et des cyprès de Lambert géants :

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Elwing nous avait indiqué un petit mouillage à l’entrée de Paterson inlet. Belle plage côté large où la nuit les bateaux de tourisme emmènent des groupes pour observer les kiwis. Nous n’en verrons pas…

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L’ile Ulva est un joyau pour les promenades en forêt parmi les oiseaux. Réserve naturelle depuis un siècle, toutes les techniques de pièges à rats et opossums y sont à l’œuvre, un couple de gardiens vit sur place à l’année… On y entre comme dans une salle de concerts, à pas feutrés et voix basses. On y trouve tous les  oiseaux de Nouvelle Zélande, une variété incroyable de fougères; de la canopée émergent les grandes silouhettes de rimu et miro, des conifères aux troncs droits et majestueux.

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La pêche n’est pas terrible dans Paterson inlet, on se rabat sur les moules. Jolies balades sous-marines quand même, une ou deux coquilles Saint Jacques en cherchant bien… Pour le blue-cod ou les paua il faut sortir de la baie, ce n’est pas Pegasus!

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Pourtant nous rencontrons un couple sur un petit voilier plus chanceux que nous… blue-cod, moki, pauas...Profs à Invercargill ils viennent tous les week end sur leur petit bateau qui reste à Stewart. Tess a passé son enfance sur l’ile, elle a ses coins secrets dans Paterson..mais aussi les lèvres toutes bleues, l’eau est à 12°!

 

Quelques jolis mouillages dans Paterson:

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Quand la mer est plate on voit bien les pingouins bleus, ils sont tout petits :

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Trop de monde sur la plage!

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Le cyclone Hola est passé sur le Nord de la Nouvelle Zélande, sans trop nous affecter, mais une belle dépression venue du Sud s’annonce, nous nous réfugions au mouillage de Kaipipi. Là on encaisse  plusieurs jours avec des rafales à cinquante nœuds. Quand le vent faiblit la pluie tombe drue. Balades en kayak, beau temps pour les cormorans!

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Que d’eau que d’eau! On rêve des onsen japonais. « Un bain chaud, voilà tout ce qu’il nous faut » disait Mioussov. A défaut on pratique le shinrin yoku sur les sentiers détrempés,le bain de forêt, bain d’arbres, une autre spécialité japonaise.

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Du mouillage de Kaipipi en une heure de marche sur un chemin autrefois tracé pour une scierie nous allons au village pour prendre internet sur le telephone. On fait souvent la route avec des randonneurs, rencontres sympas.

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Mais il n’y a pas que la pluie! Rakiura nous gratifie de son ciel flamboyant:

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Piqué au vif par nos voisins de mouillage Rémi tente d’autres coins de pêche, d’autres appâts. Grand succés, les blue-cod sont à nouveau à table… Les albatros s’invitent au festin:

 

 

 

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Incroyable de voir ces géants de si près, les mouettes semblent des poussins à côté!

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Beau temps pour deux jours. N’ayant toujours pas vu de kiwis, alors que Stewart est le seul endroit de Nouvelle Zélande où on peut encore rencontrer ces galinacés dans leur milieu naturel, nous nous rendons le soir là où on nous a indiqué qu’il y en avait: autour du terrain de rugby! Il fallait y penser … On va peut-être assister à un haka!

 Munis de lampes de poche à filtre rouge et dans le silence complet car ces petites bêtes sont très timides et ne sortent que la nuit, nous restons presque deux heures  autour du stade, à la lisière du bois..Nous y croisons une trentaine de pingouins comme nous, avec leurs lampes rouges, un daim affolé, mais pas un kiwi!

 

Notre séjour sur Stewart s’achève, nous espérons prendre la prochaine fenêtre météo pour remonter vers le Nord, première étape prévue: Akaroa, à 300 miles, sur la côte Est de l’ile du Sud, mais ce n'est pas encore gagné, les conditions changent si vite!

Publié dans NOUVELLE ZELANDE

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