Us et coutumes du paradis

Publié le par Kauana

Septembre Octobre 2015-

-GALERIE PHOTOS-

A circuler dans des iles belles, poissonneuses, accueillantes, ventilées, protégées, quoi d’autre encore ? on se dit qu’il doit bien en exister une qui réunit toutes ces qualités. Eh bien il semble que Fulaga soit celle-là.

Au terme de 48 heures de navigation par petite brise, Ouest d’abord, Nord ensuite, puis Sud pour la dernière nuit, nous prenons la passe de Fulaga au petit matin. Elle n’est pas large, 50 mètres, mais une fois franchies les quelques patates de corail qui en gardent jalousement l’entrée on peut enfin lever les yeux et s’émerveiller au spectacle éblouissant du lagon. Un velours turquoise aux dégradés subtils sur lequel reposent des corolles plantées de palmiers d’or.

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D’environ 6 kms de large, peu profond, le lagon est doublement protégé: par un premier récif côté large, puis par une ceinture d’ilots verdoyants pas très élevés côté intérieur. Des trouées dans ces barrières créent des courants poissonneux et des bancs de sable.

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Nous mouillons à l’Est, sur fond de sable, dans 4 mètres d’eau cristalline…

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Nous ne sommes pas seuls au paradis des marins. Des pêcheurs sur leur barque posent un filet, deux autres voiliers sont entrés après nous, un catamaran jaune vif est mouillé pas loin.

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Nous faisons connaissance avec Steve et Michèle, heureux propriétaires de ce joli bateau. Australiens, ils sont là depuis plusieurs semaines et nous conseillent fortement d’aller faire sevusevu au village le plus tôt possible. La coutume est très respectée ici ; c’est vrai qu’aux iles Yasawa, noyés dans le flux touristique,  nous n’avons pas été bons élèves de ce côté-là …Mais ils nous expliquent aussi qu’il faut mettre un sulu ( pareo jupe) pour aller voir le chef,  ne jamais porter ni lunettes ni chapeau dans le village, ni découvrir les genoux et les épaules …

Hou là là! Qu'est-ce que ça veut dire tout ça ? où est-ce que nous sommes tombés?

Il y a trois villages à Fulaga, totalisant 400 habitants. Le plus important, Muana-i-cake, abrite l’école et le dispensaire, il est ouvert sur la plage côté large.

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A l’entrée du village l’infirmière, Sara, et son mari Sikeli nous accueillent avec le merveilleux « Bula ! » fijien. « La maison du chef c’est là-bas ! ».

 

 

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Deux autres voiliers, américains, nous accompagnent. Coup d’œil discret sur leurs tenues: rien à redire, à croire que les anglosaxons voyagent avec la panoplie et la bible du savoir-vivre avec les « natives ». Nous serons au total cinq voiliers dans le lagon.

Nous traversons le village de Moana-i-cake sous les sourires et les « Bula! welcome in Fulaga! » qui sortent de chaque maison.

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Le chef, Tanieli, un vieux monsieur à la chevelure bien blanche, nous reçoit, accepte nos paquets de yagona, frappe trois fois dans les mains: nous voilà bienvenus à Fulaga, nous pouvons y rester aussi longtemps que nous voulons, circuler librement dans les trois villages, ancrer et pêcher dans tout  le lagon, le « oliqoli » de Fulaga ( territoire terrestre et maritime) nous est ouvert. Il nous fait signer un registre qui montre que nous sommes le 70° bateau ayant fait escale à Fulaga cette année et nous demande 50 dollars fijiens, soit 20 euros, pour la communauté. Un autre homme, le « spokeman », porte parole du chef, ajoute que notre  « host family » nous attend.

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Nous apprendrons plus tard qu’un système de familles d’accueil volontaires, vingt familles, a été mis en place, sur l’initiative des villageois, alors que l’afflux de voiliers augmentait et qu’on souhaitait recevoir correctement  ces kaipalani (= papalangi= étranger).

En effet jusqu’en 2012 très peu de bateaux visitaient les Lau, en particulier les Lau du Sud. Il fallait un permis spécial pour naviguer dans cet archipel, ce qui, ajouté à l’éloignement et l’alizé qu’il faut souvent prendre à rebrousse poil, décourageait les candidats. Maintenant c’est plus simple, le cruising permit qu’on nous délivre à l’arrivée aux Fiji  inclue les Lau. Il reste que l’étroitesse de la passe empêche l’accés aux gros cruising boat, c’est vraiment le paradis des voiliers.

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Pauvre George, il jouait tranquillement au volley après sa journée d’instituteur quand on lui annonce qu’il est famille d’accueil pour deux français!  il nous entraine d’une façon adorable chez lui, rallume le feu pour nous faire du thé, une feuille de citronnier dans de l’eau chaude, et nous explique que Ma, sa femme, est à la pêche.

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Ils habitent une maison de fonction, attenante à l’école.

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Ils ont trois enfants. Sa belle-mère arrive avec le bateau ravitailleur ce soir.

Nous nous retrouvons donc le soir sur la plage avec George et sa fille Sala.

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Comme dans toutes les iles, l’arrivée du bateau est un événement social et économique. Economique est un grand mot: comparé à un atoll des Tuamotu le flux de marchandises débarquées et embarquées parait infime.

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A part les salaires des fonctionnaires ( quatre instituteurs, une infirmière, un postier) les revenus sont issus de la vente de sculptures: bols et objets en bois taillés à l'herminette puis décorés à l’encre de chineet à la gouje, une spécialité de Fulaga qui alimente le marché touristique du reste des Fiji.

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Une petite épicerie communautaire permet de stocker  les produits de base et la provision de kava jusqu’au prochain bateau. Le yagona ne pousse pas à Fulaga, ou très difficilement, il faut donc l’acheter. Le magasin est tenu par Niko ( ?), le manager du  village : c’est en fait un peu le maire, élu, qui décide des travaux communaux à effectuer, en accord avec le chef et le conseil des anciens. Au magasin on peut payer avec des sculptures, ainsi très peu d’argent circule dans le village. Mais on  en a très peu besoin sur l’île: chacun vit avec son champ de kasava (manioc) et bananiers, la pêche dans le lagon, le cochon, les poules. Le sol est pauvre sur ces ilots de corail, l’eau rare en cette saison,

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la seule vraie richesse vient de la mer: poissons, algues, coquillages, crabes. Cette richesse est communautaire, il n’est  pas permis de commercialiser les produits pêchés dans le lagon. Ceux  qui partent à Suva emmènent, dans la limite de leurs bagages, des paniers de coquillages cuits au feu de bois sur la plage, pour leurs familles qui, en échange,  enverront des provisions au prochain bateau.

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Pour nous les jours vont s’enchainer avec les rencontres au village, les thés et les repas chez Ma, la visite à l’école, les balades vers les autres villages, les escapades dans des mouillages solitaires, les coups de main à droite à gauche et les multiples évènements sociaux.

 

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Très vite notre esprit «  rebelles au paradis » a fondu sous la gentillesse environnante. Il y a dans ce monde un charme et une sérénité qu'on ne peut pas troubler avec des revendications vestimentaires puériles! Quand on arrive au village on se fait donc une inspection mutuelle: lunettes, chapeau, genou, épaule…c’est bon, on peut y aller! Le dimanche on en rajoute même un peu pour l'église:

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Rémi se voit prêter un vrai sulu, son paréo orange qui dégringole toutes les cinq minutes n’étant pas du meilleur effet.

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A l’église ( méthodiste) on vient pieds nus mais en chemise, veston et cravate parfois. La moitié de l’église est occupée par la chorale, menée par une association des jeunes très dynamique dont Ma fait partie.

Chez Ma et George on mange à table. Parfois par terre comme souvent ailleurs, mais la table avec une nappe et des couverts je pense que c’est une attention particulière pour nous être agréable.

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La nourriture, sa quête, sa préparation,  a une place importante. Quand  on passe devant une maison on nous dit : « kana, kana maï ! »,  ce qui veut dire: «  Viens manger ». Avec le «  bula » c’est le geste le plus spontané qui revient régulièrement. Si on dit qu’on n’a pas faim, ou qu’on doit retourner au bateau, on nous met un diner dans une boite à emporter. Outre la limite de nos estomacs on n’ose pas abuser de cette générosité.  La réciprocité est importante dans un monde où rien ne se vend rien ne s’achète mais tout se donne, se prête, s’échange… Des biscuits, du café, du lait, des hameçons, des leurres…il y a toujours quelque chose à offrir, mais au bout de quelques jours nous nous rendons compte que ce qui est partout bienvenu c’est le poisson.

Avec Umberto, un navigateur solitaire qui est souvent nourri au village nous posons nos filets et nous amenons notre pêche. Il n’y a pas de frigo sur l’ile, sauf au dispensaire pour les médicaments, encore moins de congélateur, et la pêche, à pied ou avec une pirogue pour la plupart, demande beaucoup d’effort.

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Nous allons donc ramener notre pêche au village à peu près tous les deux jours: des mulets, des rougets et des maquereaux, même des thons une fois.

Un jour où la pêche était particulièrement bonne avec quelques belles prises : baliste, becs de cane, baracuda..Ma était si excitée qu’elle est allée  chercher George dans sa classe. Conciliabule entre eux : George nous demande s’il serait possible de poser le filet à nouveau le soir car une kermesse est prévue le lendemain pour l’école, il y aura du monde à nourrir, ils viendraient avec nous le relever, à cinq heures du matin.

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La pêche est moyenne mais le café avec des scones à bord de Kauana après la pêche leur plait beaucoup. On recommencera donc à poser le filet ensemble plusieurs fois ! Ma raconte ça à ses copines ; du coup quand elles vont pêcher des coquillages, qu’elles sont restées trois ou quatre heures dans l’eau, un petit café à bord de Kauana ça réchauffe!

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Pendant une semaine la maison de Ma déborde d’activité : elle accueille à déjeuner les élèves en période d’examen, les 13-14 ans qui iront au collège à Suva l’année prochaine. D’autres femmes viennent l’aider à bichonner ces petits écoliers qui n’ont pas l’air trop stressés!

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Habituellement il y a une cantine uniquement pour les pensionnaires, les enfants venant des autres villages. L’état fijien a fourni le bâtiment du pensionnat: un dortoir pour les enfants, une salle de cantine et un logement pour la famille de service, mais la communauté se charge du reste. A tour de rôle, une famille des villages éloignés vient s’occuper des pensionnaires et faire la cuisine pendant une semaine.

Le soir on voit les pensionnaires qui vont prendre un bain à la plage, puis ils se rincent avec un seau d’eau, c’est la douche. Comme sur un bateau l’eau douce est limitée. Elle ne provient que de la pluie, récoltée dans des citernes.

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Autre exemple de recyclage de ces bouées amenées par la mer:

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La vie sociale est trépidante à Fulaga. Plusieurs évènements  vont être l’occasion de fêtes et rassemblements pendant notre séjour: la fête nationale, la semaine de la jeunesse, une kermesse pour rénover l’école, la réunion trimestrielle des  villages de Fulaga, l’inauguration de la cantine paroissiale…sans compter les soirées d’adieux aux voiliers et les anniversaires…

Qui dit fête dans un village dit accueillir, loger, nourrir, amuser, abreuver au kava. Cela demande à chaque fois une organisation communautaire qui nous épate.

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Jeux et spectacles dans une atmosphère bon enfant :

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Ce sont les adultes qui jouent, les enfants regardent.

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En dehors du sevusevu nous amenons un paquet de yagona pour les soirées, le papier journal qui l’emballe est soigneusement gardé, on y roulera le tabac en longues cigarettes.

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Amener du kava, c’est finalement comme d’amener une bouteille de vin quand on est invité. Mais on n’amène pas de vin ici : sans être sûr que ce soit un interdit nous n’avons jamais vu d’alcool pendant tout notre séjour.

Pas d’argent, pas d’arme, pas d’alcool, beaucoup d’activités communautaires, et le kava en quantité pour calmer les tensions…On vit en paix à Fulaga! En six semaines nous n’avons pas vu une fois une bagarre…Le pasteur roule sur du velours! Il est très gentil d’ailleurs le pasteur. Nous ne sommes pas assidus des nombreuses prières et services qui régulent la vie du village et il ne parle pas anglais mais chaque fois que nous le voyons il essaye de bavarder. Il est présent dans toutes réunions, fêtes, soirées kava. Arrivé il y a quatre ans à Fulaga il s'y est marié.

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Ces journées de fête  se terminent tard dans la nuit, comme elles ont commencé, autour du grand bol à kava, le tanoa. Pendant que les femmes cuisinent, font manger les enfants, mangent elle aussi, font la vaisselle…les hommes boivent le kava, qu’on appelle aussi  le grog. Ils ne mangent pas  quand ils boivent le kava, sauf de temps en temps un morceau de coco. Ils ne parlent pas non plus. Ils fument beaucoup, se lèvent régulièrement pour  des besoins naturels, le kava  doit être diurétique. Dehors, le « bong ! » du  mortier dans lequel on écrase les racines de yagona résonne mieux qu’une cloche d’église.

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A chaque nouvelle cuvée on frappe dans les mains. La poudre obtenue  est mélangée à l’eau ; quand le jus semble avoir la bonne couleur on le filtre avec un tissus qu’on essore plusieurs fois. Si la couleur est bonne la tournée démarre, les demies noix de coco circulent de main en main, de bouche en bouche. High tide (= marée haute) pour une coupe pleine, «low tide » (=marée basse) pour une demie dose. Si on en veut on dit : « bula » et on frappe dans ses mains , quand on a bu on dit: «  mozzé » en rendant la coupe.

 

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Petit à petit les femmes rejoignent le groupe autour du tanoa.

Comme après quelques heures de yoga, l’assemblée somnole. Soudain un grand «  boum » fait sursauter tout le monde : quelqu’un a frappé sur le toit de tôle ondulée, comme pour dire «  Hé ! on est vivants ! ». Un chant s’élève alors de l’assemblée, très guttural, peu modulé, puis le silence retombe, avec les mentons sur les poitrines.

 

 

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Le «  bong » de la prochaine cuvée reprend, la nuit s’avance ainsi, les uns serrés contre les autres.

 

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Désolés de vous décevoir mais même après 7 ou 8 bols de kava je n’aime toujours pas ça et ça ne me fait aucun effet, à part la bouche un peu  pâteuse peut-être. Mais nos amis ça leur fait vraiment quelque chose! Ils sont complètement accros! A cause du mauvais temps le ravitailleur a une semaine de retard. La provision gérée par la boutique est épuisée, personne n’a de kava chez soi. Un soir, n’y tenant plus, une dizaine d’hommes partent en expédition à Ongéa, une petite ile voisine de 5 miles où le ravitailleur a fait escale. Ils s’embarquent sur le Vinilasa, une barge avec deux moteurs hors bord offerte il y a six mois à la communauté par un enfant de l’ile enrichi en Australie. Ils reviendront quelques heures plus tard,  pour terminer la nuit au kava …

 

Depuis deux jours Ma cuit et fume le poisson que nous amenons, sa mère repartira à Suva avec. Le bateau arrive enfin. Nous réalisons que c’est le deuxième passage du bateau que nous vivons, ça fait un mois que nous sommes à Fulaga! Nous emmenons Grand Ma à bord  avec le petit Sevati qu’elle gardera jusqu’à Noêl.

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Elle s’installe. Trois jours de voyage dans des conditions rudimentaires!

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Problème: il n’y a pas de couches pour le petit Sevati, le bateau n’en a pas amené. Pour le voyage ç’aurait été pratique. Il y en a peut-être  chez Lili, au village du bout du lagon. Rémi file en annexe avec George  pour essayer de trouver Lili. Je reste à bord à faire quelques photos, le commandant me raconte ses escales au Havre et à Marseille…

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Je vois qu’ on remonte les chaloupes, puis  l’ancre, et Rémi ne revient pas...ça m’inquiète! Le commandant ne rigole pas du tout, je lui dis que je ne vais pas à Suva, que je reste à Fulaga, il ne bronche pas; l’ancre est à bord, les moteurs sont en route.

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Equipages et passagers sont tournés vers le bout du lagon. Je sauterais bien à l’eau, mais pas avec mon appareil photo. J’emprunte la VHF du commandant pour appeler un voilier au mouillage...Tout à coup des cris montent dans les coursives: on aperçoit Rémi, il arrive, il ne ramène pas de couches mais je saute dans l’annexe, tout le monde se marre!

 

 

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Voilà, on pourrait continuer à raconter toutes ces journées ordinaires d'une vie simple. Autogestion, communauté, nécessité de se nourrir, de s’entendre, de partager, d'être calme  aussi…De notre côté sentiment déjà éprouvé que le monde extérieur , si éloigné, devient virtuel.

 

Je n’ai pas parlé du chant des oiseaux qui anime  l’île dés les premières lueurs du jour :

Un petit merle pas très joli qui chante du matin au soir.

 

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Les superbes perruches à couronne bleue, les lori fringuillaires qu’on appelle ici des « kula », une variété endémique des Lau; on en voit dans chaque palmier du village.

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Les pigeons carcophages, avec des yeux rouges et un bec extraordinaire :

 

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Un épervier gris endémique aux Fiji:

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Les martin-pêcheurs, omniprésents, qui attaquent les poulets dans le village.

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Et les chauve-souris qui s‘abattent par centaines le soir sur les manguiers et grignotent toutes les mangues prêtes à mûrir.

 

A la prochaine lune on ira ramasser des vers sur la plage, les palolos. Une fois par an des vers longs de plusieurs mètres remontent du fond de l’océan. Le  vent les découpe en morceaux de toutes les couleurs, ils s’échouent sur la plage de Maona-i-cake pendant la nuit. Il faut les ramasser avant le lever du soleil, après ils disparaissent. On les fait bouillir, c’est un mets de choix qu’on doit aller offrir au village voisin, qui lui, en échange offrira les poissons qui se sont échoués sur sa plage la même nuit. Si on ne va pas offrir ses palolo, ils ne reviendront plus jamais…

C’est un peu toute la vie à Fulaga qui est résumée là…Mélange de nature, de merveilleux, de superstition, de morale…

Renseignements pris, ces vers magiques sont en fait des morceaux d’un ver marin connu des biologistes, le Palola viridis, qui à cette période de l’année lâche des morceaux de son corps contenant les œufs et la laitance pour sa reproduction.

Nous sommes le dernier voilier à quitter Fulaga. Une farewell party est organisée, chaleureuse, émouvante.Une dernière balade sur la colline, un dernier coup de pêche, un dernier café à bord, les enfants ont pris de l’aisance: ils adorent les jeux sur la tablette! Nous laissons le filet à Ma et George en partant, il nourrira bien du monde encore.

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« Two different worlds, together for a while » nous a dit un jour  un homme qui nous questionnait sur nos navigations, la France etc…tout en taillant un manche de couteau dans un morceau de polyéthylène récupéré  sur la grève. « Deux mondes différents, ensemble pour un moment »…Je n’ai pas trouvé de meilleur moyen d’exprimer la richesse  de nos rencontres à Fulaga. Nous voyageons avec la curiosité et le respect des différences, ils nous reçoivent avec la même curiosité et le même respect…

 

« Sota tale Fulaga ! »...

Publié dans PACIFIQUE OUEST

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L
Bonjour,<br /> Je viens vers vous à la suite d’une photo que vous avez posté sur internet. Je fais partie d’un petit groupe de Normandie qui mélange chanson française et rap ,« Khevloh », j’aimerais savoir si cela vous dérange si nous utilisons l’une de vos photos dans un photomontage en guise de pochette pour notre futur CD de 7 titres ? Nous pouvons bien entendu mettre votre nom dans la pochette si vous le souhaitez.<br /> Merci<br /> Cordialement<br /> Laurent
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