MOPELIA
23 Mai 2015
Partis de Huahiné pour chercher le vent nous ne l'avons pas trouvé. Calme plat, moteur. Escale à Mopelia, avant dernier atoll de Polynésie française vers l'Ouest. Il y a pire endroit pour attendre le vent! On se demande même pourquoi on n’avait pas prévu de s’y arrêter.
Ce n'est pas la première fois que nous venons à Mopelia, nous y serons à nouveau magnifiquement accueillis. On y entre par une passe étroite impraticable par vent de Nord Ouest. C’est un très bel atoll riche en poissons et oiseaux de mer, et surtout riche en personnes.
La terre de Mopelia appartient à l'ile de Maupiti, située à 100 miles. La commune de Maupiti accorde des parcelles de cocoteraie pour exploiter le coprah.
Certains « exploitants » sont là par choix, d'autres par obligation, certains le vivent comme un retour à la vie simple que le polynésien chérit toujours au fond de lui-même, d'autres comme un moyen de gagner sa vie dans l'inconfort et la solitude. Cela donne une petite communauté hétéroclite, 20 personnes éparpillées sur le motu. Marcello, président de la coopérative des coprahculteurs, en est le chef.
La plus ancienne résidente de Mopelia est Hina, elle est là depuis14 ans, en charge des communications radio.
Aucune infrastructure, l'atoll ayant été entièrement dévasté par un cyclone en 1998 ; aucune liaison régulière avec Maupiti, les pêcheurs et les voiliers sont souvent mis à contribution pour transporter vivres et personnes ; seulement la radio pour communiquer avec l’ile mère, et depuis peu un téléphone satellite; un caboteur qui vient prendre la récolte de coprah environ tous les huit mois si le tonnage est suffisant.
Nous restons au mouillage Sud d’abord, puis à celui du Nord. La désagréable surprise c’est qu’il y a plein de requins : pointe noire et gris tournent en permanence autour du bateau, ce qui rend la baignade et la pêche assez tendues!
On exclut la pêche sous-marine pourtant si fructueuse lors de notre dernier séjour.
On arrivera quand même à faire une belle pêche d’aturés, le soir à la lumière à l’arrière du bateau, qui donnera l’occasion d’un repas autour du feu chez Marcello. L’aturé est un chinchard délicieux grillé.
La veille du week-end tout le monde s’affaire à terre. Une mission administrative vient pour trois jours. Un ministre est annoncé, finalement il y aura quelques chefs de service ou fils de ministre, les amateurs de pêche nous dit-on. Toute l’ile est conviée, nous aussi. Chacun participe, Marcello a un œil sur tout et sur tous.
Au menu : coquillages, poissons perroquet, thon, tortue, langouste, tarot, hipo, poé de citrouille, sans oublier le poulet congelé de Nouvelle Zélande que les invités ont amené. Certains ont apporté l’alcool de leur fabrication, à base de levure.
L’ambiance est gaie, quand ça chauffe Marcelo apaise.
Adrienne et Marcello …
Adrienne n’a pas quitté Mopelia depuis 3 ans. Elle aime sa vie ici. Leurs quatre enfants sont là; après avoir tous passé leur bac et plus ou moins poussé des études à Papeete, ils viennent faire le coprah à Mopelia en attendant mieux. Hio leur fils connaît particulièrement bien la faune de l’atoll, il nous emmène voir des lori nonette cachées dans les cocotiers.
On ne le voit pas bien sur les photos mais le plumage est bleu foncé.
Le voilier Croc Pom, de François et Frédérique que nous avions connus à Papeete, est là, avec un couple de jeunes canadiens chargés de le ramener en France. C’est leur premier séjour en Polynésie, ils sont émerveillés de cette hospitalité. Lise apprend à faire des colliers de coquillage avec les filles de Marcello et reçoit leurs confidences. Elle est effarée de ce que les femmes travaillent dur.
Quelques photos d’oiseaux de mer, Mopelia en est très riche.
Les Kaveka, sternes à dos gris et sternes fuligineuses, font leurs œufs à terre :
Les frégates Ariel préparent leurs nids :
Les phaetons ou paille-en queue à queue rouge, dont les plumes étaient très recherchées pour les parures de chef, nichent aussi, à terre en sous-bois :
Les courlis d’Alaska sont là aussi, au chaud. Ces échassiers au chant très doux hivernent en région tropicale où ils effectuent une mue complète. Ensuite ils repartent pondre en Alaska.
Un peu plus tard, en juillet, les fous et les gygis nicheront…on en voit peu en ce moment
Huit jours passent ainsi, à partager la vie des habitants de Mopelia et observer les oiseaux.
La météo nous annonce du vent pour au moins une semaine, nous partons, Croc Pom derrière nous…