IE JIMA
Position : N 26° 42 19 , E 127° 48 29
7 Avril 2010
Nous voici calfeutrés à Ie Jima, à 30 miles de Naha, à quelques miles seulement de la pointe Nord d’Okinawa, une petite île vraiment tranquille… Nous y passons quelques jours, amarrés dans le port des pêcheurs…
Très accueillants ils nous ont attribué une place parmi eux et nous nourrissent de leur pêche: il en suffit d’un qui parle anglais pour avoir l’impression de comprendre le japonais et passer une bonne soirée à griller du poisson sur le quai!
Mieux qu’accueillis nous sommes fêtés, choyés, nourris, promenés, embarqués chez les uns ou les autres...Impression parfois de duper son monde, nous ne méritons pas tout cela … mais non, ça ne fonctionne pas comme ça, on nous demande à visiter le bateau, le faire visiter à des amis, qui arrivent chargés de cadeaux, boissons, biscuits, fruits, aguamori, l’alcool local... Un voisin nous offre un morceau de calmar, gros comme un dictionnaire, qu’il a découpé dans une bête de 25 kilogs : en sashimi c’est un peu pâteux! Ce calmar se pêche dans les grands fonds autour de l’ile Daïto, plus à l’Est.. .
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La présence américaine n’est pas appréciée. Si j’ai bien compris ce texte dit: “US, Go home!”
Lundi 19 avril 2010
Retrouvailles avec Kazu, navigateur japonais rencontré à Ponape...Plein de bons moments ensemble...et toujours l’accueil chaleureux partout où nous allons. C’est notre première île au Japon, il est déjà difficile de partir.
Soirée musique et chants autour du sanshin, chez Hiroko Kimura, femme peintre. Handicapée elle-même, Hiroko tient une auberge adaptée aux handicapés, dans un esprit humanitaire et interculturel. "Tutinoyado", qui veut dire Auberge de la Terre, "le meilleur pour tous", son principe de vie.
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Retour sur Okinawa pour problèmes de téléphone et visite d’un superbe aquarium.
Cet épisode “ téléphone” est typique de ce que nous allons rencontrer plus tard dans notre séjour au Japon.
Partie pour acheter un téléphone portable et un abonnement chez Docomo, notre équivalent Telecom, je me suis vue opposer un refus catégorique: il faut être résident au Japon pour avoir un téléphone. Et sans téléphone pas d’internet car dans les petites îles il n’y a pas de cafés internet ou lieux publics où on peut accéder à internet. Le statut de résident s’obtient avec une carte de résident. Me voilà donc dans les bureaux de la Mairie de Naha à faire la queue parmi des Philippins ou Coréens pour obtenir cette carte. Quand vient mon tour il m’est impossible de donner une adresse physique: nous sommes amarrés au quai du port de commerce de Naha, à la place que nous ont attribuée les autorités, mais quelle peut-être l’adresse postale? Heureusement dans le bureau un jeune homme parle français et il va s’occuper de moi à merveille. Il a appris le français en étudiant deux ans à Aix en Provence, il est là en stage pour terminer ses études. Il comprend tout de suite mon problème, bien plus complexe encore que je ne le soupçonnais. Après avoir appelé les autorités portuaires pour vérifier notre position, il rédige une adresse en japonais, à indiquer sur le formulaire de demande de résidence, et surtout il me précise de venir chercher nos cartes de résidents dans une dizaine de jours: il ne sera pas là mais aura prévenu ses collègues de ne pas les envoyer par courrier. Je comprendrai bientôt pourquoi.
En effet, dix jours après, munis de nos cartes de résidents nous retournons chez Docomo, la bouche en coeur, et là, nous obtenons un téléphone, un abonnement et une clé USB devant nous donner accés à internet . Comme elle n’est pas prévue pour un ordinateur en français on nous offre même un petit notebook en japonais! Tout marche bien, nous quittons Naha pour l’ile Ie Jima.
Coup de fil de Docomo (avec une interprète parlant français): “Où êtes-vous? On vous a envoyé un courrier il est revenu. Vous êtes à Ie Jima? Alors il faut refaire votre carte de résident avec une adresse à Ie Jima. Pas possible? Vous êtes itinérant sur un bateau? La loi japonaise n’a pas prévu ce cas, désolé nous allons devoir interrompre votre abonnement”.
Retour vers Naha: nous allons directement voir Henry, notre sympathique voisin de quai. Il aura peut-être une solution pour nous. Henry nous emmène à la mairie, il indique son adresse, plutôt celle de sa copine car lui aussi réside sur son bateau; mais ça ne marche pas, les autorités ne sont pas dupes, nous sommes repérés. Henry nous emmène alors chez Docomo: il va y passer l’après-midi, argumentant auprès des “grands chefs” de Tokyo avec qui on l’a mis en ligne, pour expliquer que si la mairie veut bien donner une carte de résident à des itinérants comme nous Docomo devrait pouvoir fournir un abonnement téléphonique. Le Japon veut accueillir les étrangers? Il y a une faille dans la législation japonaise qui n’a pas prévu comment fournir le téléphone à ces étrangers, il faut donc y remédier. Mais comment faire? La loi oblige les compagnies de téléphone à demander une adresse de résidence, ensuite la compagnie envoie régulièrement des courriers pour s’assurer que l’adresse est valide. Eh bien on va trouver la solution: ne plus envoyer de courriers! Aussi simple! C’est comme ça que nous garderons un abonnement téléphonique du Sud au Nord du Japon sans plus être importunés par les controleurs de Docomo.
Nous apprendrons plus tard qu’en général les étrangers confrontés à ce problème se font directement acheter un abonnement par des amis japonais qui donnent leur nom et leur adresse.
Ce qui est merveilleux dans cette histoire c’est l’embarras général devant notre situation et la recherche d’une solution qui ne mettra personne en faute. On retrouvera cela d’autres fois, en particulier avec les douanes et services d’immigration.