SHEARWATER
19 Septembre 2011
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Shearwater, une petite communauté de 60 personnes autour d’un ponton, un hôtel et une supérette .Nous sommes au cœur de la Great Bear Rainforest.
Une très belle région qui s’étend de la frontière de l’Alaska au nord de l’ile de Vancouver sous un climat tempéré et pluvieux. Il y a des rainforest au Chili, en Australie et en Nouvelle Zélande Celle de la Colombie Britannique est réputée pour sa beauté et sa faune.
Iles boisées aux contours tortueux.
Comme les doigts d’une main étirés et noueux des fjords aux parois escarpées pénètrent la chaine de montagnes côtières
Leurs cascades viennent s’agripper aux lacs où les saumons pondent et meurent ;
Une faune variée vit dans cette immensité , des loups, des chèvres , des aigles, des phoques ,des loutres ,des castors , des couguars ,des lynx , des ours noirs, des ours bruns et le fameux Kermode , the spirit bear , un ours noir qui est blanc . Particularité génétique de l’ile Princess Royal : un ours noir sur dix est blanc .
Nous n’avons droit qu’à un petit aperçu de cette beauté tant la pluie et le mauvais temps s’acharnent à nous les cacher. Bloqués depuis une semaine par le mauvais temps nous espérions bénéficier encore de quelques jours plus maniables pour naviguer. Mais ce n’est pas ça .Après 60 nœuds la nuit dernière, nous avons eu une accalmie bien arrosée toute la journée ; 60 nœuds sont prévus pour la nuit prochaine, et rien de bien clair se profile à l’horizon des prochains jours .De l’avis unanime des locaux la mauvaise saison s’est installée, bien en avance : le problème c’est que c’est pour six mois !
Du coup nous avons décidé de laisser le bateau ici pour l’hiver sans aller plus au sud, en espérant que le printemps sera plus agréable. Il serait trop dommage de passer sans explorer la côte et les fjords .Nous n’avons jamais abandonné Kauana aussi longtemps mais la sympathique communauté de Shearwater est habituée à ces coups de foudre qui se transforment en hibernation : il y a un lift pour mettre le bateau à terre et l’électricité pour laisser un déshumidificateur branché en permanence .
La Great Bear Rainforest a deux ennemis : un projet de pipe line venant de l’Alberta, qui entrainerait la création d’un port pétrolier et la circulation de tankers dans ces eaux, et les "loggers", qui pendant des années ont méthodiquement déforesté des zones immenses. Maintenant leurs zones sont limitées et leurs méthodes de travail soumises à des normes plus respectueuses des écosystèmes .C’est ainsi qu’on voit des troncs énormes baladés en hélicoptère depuis le cœur d‘une vallée vers un bras de rivière puis rassemblés en convois que les remorqueurs tirent vers des cargos à destination du Japon …Les bases pour les hélicoptères et les bûcherons sont sur des grosses barges ancrées.
Les mouvements écologistes et Associations de protection de la nature sont nombreux et actifs au Canada.(Greenpeace fêtait son 40° anniversaire à Vancouver la semaine dernière : sa première action avait été d’envoyer un chalutier pour empêcher les essais nucléaires sur Amchitka ). Leur impact est certain .La pisciculture jugée nocive a été abandonnée presque partout ; la chasse ne pouvant être interdite , une association a acheté toutes les licences de chasse; le contrôle de la pêche est aussi stricte qu’en Alaska , et si beaucoup doutent de pouvoir empêcher le projet de pipeline , du moins ils espèrent imposer des normes de construction et exploitation qui épargneront la Rainforest .
Pour choisir de vivre dans cette région il faut en être amoureux , cela nous amène à faire des rencontres intéressantes : écolo , bricolos, , artistes , photographes , on vit sur son bateau ou dans sa cabane en bois flotté , on s’échappe l’hiver si on peut pour retrouver une copine au Japon , des parents en Europe , le soleil à Hawaï ou la ville à Vancouver , on vit parmi les ours et les orques , on vit de sa pêche , sa chasse ou ses cultures .
Plusieurs sont employés par les départements de la pêche ou les organismes de protection de la nature pour compter les poissons , prélever des échantillons de coquillages , photographier les baleines ou emmener des scientifiques observer les oiseaux …Certaines communautés sont plus exclusivement indiennes , la terre dans les réserves appartenant à la tribu les “blancs “ ne peuvent acheter pour s’installer , ils s’installent donc hors des réserves . Dans l’ensemble le contact est très sympathique, ouvert, chaleureux et quand on ne fulmine pas après la pluie on passe vraiment de bons moments.