AUX ILES TORRES

Publié le par Helene

GALERIE PHOTOS......

De Ureparapara nous partons vers les iles Torrès, les plus proches des iles Salomon, les plus isolées du reste du Vanuatu. Moins de mille personnes sur sept iles. Un archipel de corail, le plus haut sommet est à 366 mètres.

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La terre est ingrate, l’eau manque régulièrement…

Sur l’ile Loh et Linua qui lui est accolée  se trouvent le seul aéroport de l’archipel, la seule antenne téléphonique, le centre médical…

Il y a une dizaine d’années, le monde entier s’est intéressé aux Torrès où l’on a déplacé la population de villages menacées par une surprenante montée des eaux. Pour la première fois on parlait de «  réfugiés climatiques ». On invoquait alors  seulement le réchauffement climatique, mais ultérieurement de nouvelles études scientifiques menées  par l’IRD ont montré que dans cette région du monde la montée des eaux était doublée par l’enfoncement des iles, lié aux nombreux tremblements de terre qui s’y produisent. Un grand travail est fait auprès des chefs de iles pour les inciter à faire déménager les villageois vers les parties hautes des iles.

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Beau mouillage sur l’ile Tegua. Falaises de corail, plages de sable blanc, eaux claires et poissonneuses je me régale en snorkeling.

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On nous siffle depuis la plage… Ronson et Marie Rose. Ils nous proposent la richesse  des Torrès : les crabes de cocotiers. Leur chair est appréciée comme le foie gras chez nous…et tout aussi nourrissante. « Qu’est ce qu’on peut vous offrir en échange ? –Ce que vous voulez.. » On  comprend que des biscuits ou bonbons seraient bienvenus pour la fête des enfants qui a lieu bientôt, des chaussures, un soutien-gorge…

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A partir des Banks d’ailleurs les cadeaux, préambules à nos relations avec les habitants,  sont devenus plus faciles : on vient souvent nous voir à bord avec la liste des besoins. Cadeau, échange ce n’est pas toujours clair mais au moins on sait ce qui fait plaisir : du fil de pêche et des hameçons, des cordages, des vêtements même usagés, cahiers et crayons, savons parfumés, riz, sucre, biscuits, lunettes, palmes, masques etc…mais aussi des livres, des magazines.

L’ile d’Hiw ( prononcer « Hiou »)  est un exemple du problème de montée des eaux. Une récente tempête a balayé la moitié du village de Nenye installé sur un  bras de terre entre deux baies. Une partie de la population a accepté de reconstruire plus haut dans le bush..Mais certains s’entêtent à rester au bord de l’eau. Plus d’air, moins de moustiques, de l’eau...on les comprend.

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L’entrée dans Nenye a été sportive. Poussés par 25 nœuds d’Est et la houle qui va avec on a du mal à voir l’entrée du mouillage. Faisant confiance à Google map on s’engage près des rouleaux avant de s’enfiler dans une petite baie au fond de laquelle se trouve le village.

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Lucy vient m'aider à caréner le bateau, elle nous promène dans le village, jusqu’à la grotte où les habitants se réfugient en cas de cyclone.

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Au fil des conversations on mesure comme la vie est dure sur ces terres ingrates et isolées, en particulier pour les femmes. L. travaillait dans le tourisme à Port Vila et a dû revenir pour s’occuper des ses parents. Qui sont ses parents  est difficile à comprendre. Entre les parents, parents adoptifs, frères, cousins, de toute façon une hiérarchie décide pour elle. Elle a 25 ans, quel est son avenir?

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Les femmes sont toujours au travail : tressage, chasse au crabe, pêche sur le récif, entretien du « garden », le potager, la lessive, la cuisine, les enfants…Elles ne se plaignent pas, éclatent de rire à la moindre occasion…

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Pour les hommes ça a l’air plus cool!

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Non, c’est être mauvaise langue que de dire ça car beaucoup d’hommes s’en vont travailler six mois par an à ramasser des fruits en Nouvelle Zélande…Le recrutement est organisé, les conditions d’embauche et de travail également…

Même si cela n’a rien à voir avec ce qui se passe actuellement on ne peut s’empêcher de penser au blackbirding qui a sévi dans ces iles au XIX° siècle. Cette activité de « merle noir » consistait à kidnapper les autochtones après les avoir attirés sur des bateaux qui les emmenaient pour du travail forcé dans le Queensland en Australie puis dans les mines de nickel de Nouvelle Caledonie. On estime à plus de 60 000 le nombre de personnes emmenées hors du Vanuatu, mais aussi des iles Loyauté, de Papaousie Nouvelle Guinée, Salomons, Kiribati... L’esclavage avait été aboli mais les blackbirders faisaient signer des contrats de travail dérisoires aux indigènes qui étaient totalement exploités. Conrad évoque cette pratique dans «  La croisière du Snark », et une attaque du bateau blackbirder par les autochtones.

En 1872 le Royaume Uni promulgue le blackbirding act condamnant cette activité, ce n’est qu’en 1903 que l’Australie l’interdira…Pas de téléphone ici, pas d’électricité, peu d’eau. pas de kava non plus, ça ne pousse pas sur l’ile. Visite de l’école. Ëtre prof ici est un sacerdoce, nous explique le maître. Les parents ne forcent pas les  enfants à venir à l’école…

Enfants espiègles qui nous suivent partout. « Lollies, lollies , sucettes, sucettes »  c’est ce qu’on dit aux white men. C’est le souvenir que leur laisse le passage des rares visiteurs occidentaux.

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Ceux-là jouent avec des toupies en noix de mapé:

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Celle-là avec une mâchette,

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Dés le plus jeune âge les enfants ont une machette ou un couteau. On voit cela depuis le Sud du Vanuatu. : la machette..On en a toujours une, c'est une troisième main. Les arbres en portent les stigmates..

 

Ici aussi il  y plein de perruches, dés la fin de l’après midi elles font un vacarne étourdissant. Difficiles à photographier : chassées elles ne restent que dans les arbres très hauts. Quand on pense que pas loin, aux iles Loyauté, on dépense beaucoup d'énergie et argent pour sauvegarder la perruche d'Ouvéa..ici on les mange. Quel drôle de monde!

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Publié dans PACIFIQUE OUEST

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