Iles AMAMI, Baie d'Atestsu
Position : N 28° 11 10 , E 129° 17 10 Lundi 10 mai 2010
Délogés au petit matin par les bateaux rentrants de pêche nous quittons Tokunoshima avec un bon Nord-Est dans le nez. Quelques bords à tirer pour remonter vers Amami à 35 miles, l’île Amami qui a donné son nom à un ensemble d’îles, les îles Amami, réputées pour leur beauté sauvage.
Approche délicate avec un fort mascaret dû au courant sortant. Le décor est grandiose, une véritable mer intérieure entourée de montagnes à pic, les crêtes se découpent dans la brume à l’infini. Iles volcaniques couvertes de forêts, feuillus et conifères.
Pas de place pour nous dans le port de Konyia, nous nous dirigeons vers la baie d’Atetsu où Kasaï San, un ami de Kazu contacté par téléphone, nous attend. Bouée de corps-mort, abri parfait (anti-typhon), une cabine de douche chaude dans les arbres, le calme absolu ...
Hiboux et pigeons pour bercer nos nuits et ...au fond de la baie, la maison de Takano San.
Nous sommes dans un décor de film, au milieu des montagnes d’une petite île du sud du Japon, et là, on croit rêver: nous rencontrons Takano San, Hiro de son prénom: professeur à la retraite, il parle français comme vous et moi, adore cette région et nous offre sa voiture pour la visiter...Hiro a fait ses études (licence, maitrise, DEA, de sociologie ethnologie) en France pendant huit ans. Il savoure la tranquillité d’Atetsu, donne des cours de voile aux enfants du hameau, apprend la poterie et fait du pain pour tout le village. Il nous explique que nouvel habitant il se voyait tous les jours offrir qui du poisson, qui des pommes de terre, des carottes…Ne sachant comment remercier il s’est mis à faire du pain français! Vite il s’est équipé en conséquence et prépare des brioches, croissants, gâteaux… Mais nous alors? Que pouvons-nous amener lorsque nous allons diner chez lui? Du vin qui a roulé des mois à fond de cale? Il a une super cave à faire rêver tous les amateurs français.
Sa femme, Sayaka, enseignante de prépa littéraire, nous convie à une cérémonie du thé: elle enseigne cette tradition aux jeunes femmes de l’île.
Pour cette cérémonie du thé nous sommes placés sous une fleur, de la famille des hortensias, qui annonce que la saison des pluies va commencer, et un texte en caractères kanji qui dit:” Le nuage s’en va, la montagne est bleue”, qu’on pourrait peut-être traduire en: “Après la pluie le beau temps”.
Kasai San gentil comme tout vient s’assurer que tout va bien pour nous.
Nous allons à Nazé, le grand port d’Amami Oshima.
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Les “koinobori”, fanions en forme de carpes, flottent au vent : en Mai c’est la fête des enfants.
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Visite du musée Tanaka Isson, un peintre qui a vécu sur Amami. Oiseaux, fleurs, paysages, le Japon tropical peint avec une grande minutie.
Balades en forêts, fougères géantes, serpents, oiseaux, parfums boisés...Les sommets se perdent dans les nuages, nous aussi...Probablement un panneau “Route barrée” que nous n’avons pas su lire...
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Au bord des chemins des bâtons pour protéger des serpents l’ami qui passe :
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Des échoppes offrant des légumes pour 100 yens... Personne, pas de vendeur : on se sert, on laisse ses 100 yens.
Elevages de poissons, crevettes, huitres perlières, le moindre lopin de mer est exploité.
Des routes et des travaux de géants pour contenir la mer ou la montagne. Pour qui? il y a si peu d’habitants : soixante dix mille pour les iles Amami dont cinquante mille à Nazé le grand port.Takano San nous explique qu’il faut fournir du travail aux entreprises locales.
Dans les baies plus exposées au vent du large, de tout petits villages aux maisons cachées derrière des murs de corail. Parfum d’encens qui brûle dans les cimetières. Il n’y a plus que des vieux qui vivent dans ces villages.
Quelques jours d’une douceur extrême, de nouveaux amis japonais qu’on voudrait ne pas quitter...Il faut pourtant songer à continuer la route, la saison des pluies et des typhons approche. La prochaine fenêtre météo sonnera le départ...